Cinquième séance

Création des histoires

Cette séance a été entièrement dédiée à la création des histoires. Nous avons commencé par une discussion autour de la structure narrative des légendes (progression de l’intrigue, résolution finale) et de l’importance des personnages (bons et mauvais). Chaque groupe s’est activé pour construire sa légende en développant chacun des personnages et des univers différents. Voici les légendes suite à cette cinquième séance (en rouge ce sont des propositions d’ajouts faits par Anne-Flore à valider lors de la prochaine séance).

Voici les progrès qui ont été fait pour chaque période :

1. Christine :

L’origine du relief du Jura 

Il y a plusieurs millions d’années, une famille de golems de pierre, vivait heureuse dans les Alpes. Les deux parents et les deux enfants étaient tous de nature très joyeuse et très farceuse. Ils trouvaient drôle de faire attendre les golems de neige au soleil pour les voir fondre. 

Le chef de tous les golems, ne pouvant accepter un tel comportement, décida de chasser la famille vers le Jura, un territoire plat, triste et désert. 

Au bout de quelques jours, les enfants commencèrent à s’ennuyer. Ils s’ennuyaient tellement qu’ils se mirent à pleurer sans s’arrêter, inondant tout le territoire et formant une mer de larmes avec même des poissons et des coquillages de pierre à l’intérieur (ce qui explique qu’on trouve encore aujourd’hui des coquillages de pierre dans le Jura). 

Les parents en avaient marre d’entendre leur progéniture pleurer toute la journée. Ils discutèrent pour trouver une solution. Ils se dirent que c’étaient peut-être les montagnes qui manquaient aux enfants, alors ils creusèrent le sol avec leurs grandes mains de pierre et poussèrent la terre de toutes leurs forces pour la plisser. Les enfants, en voyant cela, se précipitèrent sur les montagnes et commencèrent à sauter dessus. Seulement, les pics étaient trop pointus et les enfants se faisaient mal ce qui les mit à nouveau en colère et ils recommencèrent à pleurer. Les parents réfléchirent pour trouver une solution afin de lisser la terre et rendre le relief plus doux. 

Ils envoyèrent une lettre aux golems de neige expliquant qu’ils voulaient les inviter pour  se faire pardonner de leurs méchantes farces. Une fois les golems de neige dans le Jura, ils leur proposèrent de monter tout en haut des montagnes pour admirer la vue. Les golems de neige, naïfs, montèrent sur chaque sommet du Jura. Alors, les parents golems de pierre les poussèrent de toutes leurs forces jusqu’en bas, ce qui lissa la montagne

Parfois, alors qu’on croit entendre le tonnerre, ce sont en fait les rires des enfants golems de pierre qui s’amusent comme des petits fous en glissant sur les Monts Jura, toboggans géants à golems.

2. Bruno / Roseline / Catherine :

(Bruno n’était pas là et Roseline a travaillé avec Céline sur de blagues que pouvaient faire les Ioutons aux Romains. Les idées ont été envoyées à Bruno qui les a intégrées dans son texte). 

Il était une fois une communauté gauloise installée sur un plateau calcaire, entouré de forêts. Ces Gaulois avaient un chef et un druide. Ils avaient fui la ville d’Alésia après la bataille perdue contre Jules César. Un village était né, il s’appellerait un jour Lauconne.

Mais les Gaulois n’étaient pas seuls, les Romains rescapés de la bataille d’Alésia les avaient suivis et avaient installé leur camp à côté du village. Les Ioutons étaient là aussi. C’était un peuple étrange, de créatures ni homme, ni animal mais un mélange des deux. Chaque Iouton avait un aspect différent par contre, ils avaient tous en commun, un caractère facétieux, une nature gentille et une grande capacité de travail. Où vivaient-ils ? On supposait que les terriers autour de la voie principale qui traversait Lauconne étaient les entrées de leurs demeures souterraines

Un beau jour, mauvaise nouvelle, les Romains annoncèrent qu’ils envisageaient de paver le chemin. Les Gaulois s’y opposèrent vivement. Ils craignaient que cela fasse venir plus de Romains et étaient inquiets pour les habitations de leurs amis Ioutons. Il fallait absolument les mettre en garde et empêcher les Romains d’exécuter leur plan. Par chance, le druide savait communiquer avec les Ioutons grâce aux enseignements de la déesse de l’eau Alizon. Quelques années plus tôt, en effet,  il était tombé nez à nez avec la mystérieuse jeune femme alors qu’il cueillait du gui pour ses potions. Elle s’était présentée sous le nom d’Alizon et elle lui avait révélé être la déesse de l’eau de cet endroit. Elle connaissait la langue des Ioutons et s’était fait un plaisir de l’initier à celle-ci. Elle lui avait aussi expliqué comment faire appel aux petites créatures. 

Le druide se rendit sur la voie et appela dans leur langage les Ioutons. Coluche, le roi des Ioutons, sortit de sa cachette et écouta attentivement le druide. Le druide commença par remercier Coluche et son groupe pour l’aide apportée aux Gaulois chaque nuit (les Ioutons ne sortaient jamais le jour) : 

« Au nom de tous les habitants du village, je souhaite vous dire merci pour le jardinage, les moissons, les foins et tous les travaux que vous faites pour nous. Je viens aujourd’hui pour vous prévenir d’un danger : les Romains pensent paver la voie. Ce projet est une menace pour nos deux peuples. »

Le roi laissa échapper un petit rire cristallin et rassura le Gaulois : 

– Ne t’inquiète pas ! Avec mes amis nous allons embêter les Romains tant et si bien qu’ils n’auront d’autre choix que d’annuler leur projet. 

Les Ioutons avaient une grande réputation de farceurs. Ils s’amusaient à déplacer des charrettes, à détacher les chiens, à mettre du foin devant les portes de maisons et bien d’autres petites facéties. Leurs blagues étaient très appréciées des Gaulois, dotés d’un grand sens de l’humour, mais beaucoup moins des Romains trop sérieux pour les comprendre. 

A peine le druide avait-il pris congé du roi des Ioutons, que celui-ci ordonna à son peuple de se mettre au travail. Pendant que les Romains dormaient, les Ioutons se faufilèrent dans leurs tentes, leur chatouillèrent les pieds, cachèrent leurs sandales, déplacèrent leurs tentes et chassèrent leurs chevaux. Les Ioutons firent aux Romains des dizaines de blagues et de misères. Au petit matin, c’était la panique au camp romain. Un légionnaire s’occupait de déterrer les sandales sous les pavés. D’autres replaçaient les tentes et d’autres encore cherchaient désespérément les chevaux. Il fallut tout déplacer et remettre en place. 

Après des semaines de harcèlement intense, les Romains en eurent marre. Ils accusèrent, bien sûr, les Gaulois. Les Romains finirent par comprendre que les Gaulois étaient innocents car ils surprirent des Ioutons en pleine action. Mais, même en connaissant l’existence des Ioutons, les Romains restèrent impuissants à les arrêter. Les Ioutons étaient bien trop rusés.

Les Romains finirent par craquer. Ils abandonnèrent le projet de pavage et laissèrent ce travail à leurs collègues qui viendraient après eux. La nouvelle fut accueillie par des cris de joie et des chansons. Les Ioutons furent remerciés par des offrandes (tonneaux de cervoise, diverses victuailles, baies dans des pots) Le tout fut déposé bien en vue sur le murger (mur fait en pierres sèches récupérées dans les champs).

Coluche, le roi des Ioutons, le chef gaulois et le druide s’étreignirent. Tout le monde se donna rendez-vous sur la grand-place en face de la source pour une fête mémorable et un banquet inoubliable.

3. Mikaël (et Véronique absente ce jour-là) :

Un couple d’artisans vivait dans la seigneurie de Saint-Lupicin. On leur avait confié des terres à cultiver en échange de services à rendre à leur seigneur.

La vie n’était pas aisée pour le couple mais l’homme et la femme arrivaient à subvenir à leurs modestes besoins et menaient une existence paisible. Seul point noir au tableau : ils n’arrivaient pas à avoir d’enfant. Alors que la femme approchait des quarante ans, elle se rendit vers une pierre blanche trônant dans un cours d’eau. On disait que les fées lavaient leurs vêtements de soie à cet endroit. Elle supplia les fées de lui venir en aide. Quelques jours plus tard, son ventre commença à s’arrondir. Bientôt, elle mit au monde un petit garçon en parfaite santé, c’était un miracle, ou plutôt, de la magie ! Preuve en était, le mouchoir de soie brodé d’or avec le nom de Grégoire, trouvé le matin de la naissance dans le berceau de l’enfant. Les parents respectèrent le vœux des fées et nommèrent leur enfant Grégoire. Cependant, ils cachèrent le mouchoir et se firent la promesse de ne jamais parler à leur enfant de l’intervention des fées. Rares sont les hommes qui aiment à penser que les événements de leur vie sont liés à des créatures surnaturelles. 

Un printemps particulièrement froid, alors que Grégoire venait d’avoir cinq ans, le couple décida à contre-cœur, de se rendre dans la forêt du seigneur, proche du château fort. Le couple savait parfaitement qu’il s’exposait à un grand danger en entrant dans les terres du seigneur mais les réserves de bois de la famille étaient épuisées ; c’était ça ou mourir de froid. 

Les deux parents partirent avec leur fils à la tombée du jour pour leur balade interdite. A peine la limite de la forêt franchie qu’ils trouvèrent du bois mort en abondance. Ils se dépêchèrent de le ramasser. L’acte était grave, si la garde du seigneur les surprenait, la sentence pouvait être fatale. Ils avaient rassemblé assez de fagots de bois et s’apprêtaient à repartir quand ils entendirent le bruit de chevaux au galop, leur sang se glaça dans leurs veines ; le seigneur et sa garde approchaient. 

Il était impossible pour la famille de s’échapper, ils se serrèrent les uns contre les autres croyant vivre leurs derniers instants. Ils étaient figés sur place comme suspendus dans le temps. D’un coup, tous les bruits de la forêt s’interrompirent, même le bruit des galops s’estompa et disparut. Plus rien. Le silence régna quelques instants avant d’être brisé par un chant, un chœur de voix aiguës, féeriques. Une voix mélodieuse se détacha des autres et résonna autour d’eux : 

  • Je suis la fée Arie, la marraine de votre fils. Je peux vous sauver mais mon aide a un prix, je reprendrai ce que je vous ai donné. 

Les parents, pensant que la fée parlait du mouchoir brodé, acceptèrent immédiatement. Le temps reprit son cours normal.

Les membres de la petite famille disparut au moment où la garde allait les atteindre et les arrêter. L’homme et la femme réapparurent dans leur champ. Ils s’embrassèrent et rirent à gorge déployée, ils avaient été miraculeusement sauvés ! 

Un objet tomba du ciel entre eux : le mouchoir brodé au nom de Grégoire. Ils remarquèrent alors que leur fils, n’était pas avec eux. A nouveau, le silence se fit et ils entendirent un chant féérique résonner. La voix de la tante Arie se détacha de la masse et leur dit :

– Vous, les artisans, avez été sauvés par le cercle des fées de la Tante Arie, votre fils est avec nous. Ce qui vous avait été donné vous a été repris, nous sommes quittes.

Les parents ne revirent jamais leur fils. Vous, par contre, qui parcourez ce chemin, vous le retrouverez bientôt.

4. Yvette et Sonia

Il y a fort longtemps, alors que la Comté bénéficiait du sage gouvernement de la reine Jeanne de Bourgogne, les créatures magiques proliféraient sous les futaies de ces bois

La légende du centaure Marcus et de la dryade Isabelle est née à cette époque. 

Par une belle journée d’été, les deux créatures magiques se rencontrèrent sur le chemin et tombèrent sous le charme l’un de l’autre. Ils étaient comme hypnotisés. Mais la magie fut interrompue par l’arrivée d’un ami de Marcus. Une grande fête se préparait au village des centaures et Marcus devait aider à préparer des galettes de sarrasin. Marcus aurait voulu inviter Isabelle mais elle avait disparu dans les bois. Il dut partir sans la saluer. Fort déçu, il se promit de la retrouver. 

Marcus ignorait qu’Isabelle était une dryade : une créature mi-femme, mi-arbre. Dès que Marcus s’était éloigné, elle était redevenue arbre. C’était un phénomène qu’elle ne pouvait arrêter. 

Marcus retrouva facilement Isabelle qui attendait sa venue et se transformait dès qu’il approchait. Il revint régulièrement voir la belle jeune femme. Il ne comprenait pas pourquoi elle disparaissait toujours au bout de quelques heures sans explication. Il l’invita à venir vivre avec lui au village mais elle refusa, les yeux emplis de larmes. Il comprit que quelque chose empêchait Isabelle de quitter les bois mais, s’il lui posait des questions sur le sujet, son visage devenait triste et elle tombait dans un sombre mutisme. 

Après des mois, il décida de découvrir le secret de son aimée. Il prit congé mais, une fois hors du champ visuel d’Isabelle, il fit demi-tour. Il la vit redevenir arbre. Au lieu de s’enfuir, effrayé, il s’approcha du grand arbre et lui dit :

  • Isabelle, je t’aime. Les gens différents ne m’effraient pas, je suis moi-même très différent. 

A cet instant, Isabelle se transforma en femme et lui déclara son amour à son tour. Elle demanda ensuite à Marcus, s’il ne pouvait pas rester avec elle et devenir arbre par amour.

Sa réponse fut immédiate et sans hésitation :

« OUI BIEN SÛR ! »

A ce moment précis l’arbre s’ouvrit, Marcus s’avança et entra à l’intérieur de l’arbre. L’arbre entoura le centaure de son écorce et referma son tronc pour que les deux amants soient unis à tout jamais.

Depuis ce temps-là, sur le tronc, la trace d’Isabelle et Marcus est visible. On dit que les amoureux qui s’embrassent sous CET ARBRE, vivent heureux et longtemps….

5. Yves :

Beaucoup connaissent le héros comtois, Lacuzon, qui a défendu vaillamment la Comté espagnole contre les armées françaises d’Henri IV puis de Louis XIV, mais rares sont ceux qui savent que Lacuzon a bénéficié de l’aide providentielle des ogres vivant dans les bois de Saint-Lupicin. 

Une famille d’ogres, les deux parents et les enfants, vivait tous ensemble dans un tas de bois qui leur servait d’habitation. Avant l’hiver, Ils passaient leurs journées à couper du bois pour épaissir les murs et le toit de leur demeure en préparation du froid. Les ogres sont très frileux. 

Seulement, un jour, alors qu’ils étaient partis pour couper du bois, l’armée française, envoyée par Louis XIV, pour conquérir la Comté, passa à proximité des drôles d’habitations des ogres. Les soldats y virent une belle réserve de bois et s’en saisirent pour l’amener à leur campement. Quand les ogres arrivèrent chez eux et découvrirent que leurs habitations avaient été détruites. Ils entrèrent dans une fureur noire. 

Ils se rendirent au village voisin de Saint-Lupicin pour punir les voleurs. Ce jour-là, le fameux héros comtois, le capitaine Lacuzon, rendait visite à son allié le curé Marquis nommé général de Saint-Lupicin. Le curé Marquis, en voyant les ogres, poings en l’air, arriver à toute vitesse sur les palissades du village, se précipita à leur rencontre et cria :   

– Amis ogres ! Halte ! Qu’est-ce qui provoque votre colère ?  

La mère des ogres, reconnaissant le curé qui leur amenait régulièrement des offrandes, prit la parole, sa voix faisant trembler les murs de toutes les maisons du village :

– Humains, vous avez volé le bois de nos habitations alors nous allons détruire vos demeures. 

– Attendez, il y a méprise. Jamais personne dans ce village n’oserait toucher à vos habitations ! Tous vous connaissent et vous craignent et puis personne n’est entré avec du bois aujourd’hui, les gardiens n’ont pas abandonné leur poste de la journée, assura le curé Marquis.

– Peu importe, grogna le père ogre, vous êtes tous les mêmes, les humains, nous allons vous détruire jusqu’au dernier. 

– Attends papa, regarde là-bas. 

L’un des jeunes ogres pointait le doigt en direction d’un long filet de fumée s’élevant au loin. En prêtant l’oreille, on entendait aussi des cris et des chants. L’armée française célébrait une victoire sur un village un peu plus loin, Trémontagne. Elle brûlait le bois des ogres en un grand feu de joie, montrant aux Comtois qu’elle ne les craignait pas. 

Les ogres s’empressèrent d’aller punir les impertinents voleurs. Ils coururent vers le lieu des festivités. Une fois arrivés, ils soulevèrent des maisons entières pour les lancer sur les Français. De l’armée française, il ne resta bientôt plus qu’un tas de pierres ensanglantées.  

Lacuzon et le curé Marquis les suivirent et arrivèrent après la bataille. Les habitants qui avaient fui leur village, n’entendant plus les chants de victoire des Français, osèrent revenir chez eux. Ils trouvèrent la place libérée et les deux héros comtois avec leurs soldats. Ils furent persuadés que Lacuzon et le curé Marquis avaient mis en déroute l’armée française. Les deux héros leur expliquèrent que c’était l’œuvre d’une famille d’ogres mais les villageois crurent à une plaisanterie due à la modestie des deux héros et les célébrèrent toute la nuit. 

C’est ainsi, qu’encore aujourd’hui, on célèbre les exploits surhumains de Lacuzon, le héros comtois, en oubliant qu’il a bénéficié d’alliés inespérés.

6. Sylvie

Sylvie avait manqué les deux séances de création d’histoire. Elle a eu cependant envie de créer une petite légende assez courte mais avec un fort impact ! 

Il était une fois une Vouivre qui avait découvert une baignoire posée sur la berge d’une rivière. Quel bonheur que de pouvoir prendre son bain dans cet étrange récipient ! 

Tout allait bien jusqu’au jour où un homme la surprit se prélassant dans sa belle baignoire. Elle réagit en un éclair. Elle lui sauta dessus et l’embrassa. L’homme se transforma immédiatement en vipère.

Depuis lors, la Vouivre et la vipère vivent heureux dans la baignoire.

Attention !!!! Ne pas glisser votre main dans les baignoires abandonnées (terrain venimeux).